St Just Luzac apres Xynthia...

Publié le par Vert Estuaire Charentais

Mardi 06 Avril 2010 sur le site de Sud Ouest


SAINT-JUST-LUZAC N'A PAS ÉTÉ ÉPARGNÉ. Xynthia a dévasté sa maison posée en plein marais. Joe Neuvy a tout perdu mais ici, elle est la seule...

L'oubliée du marais
Joe Neuvy, dans sa maison posée au milieu du marais. Avant Xynthia, c'était un petit paradis. (photo A.L.)
Joe Neuvy, dans sa maison posée au milieu du marais. Avant Xynthia, c'était un petit paradis. (photo A.L.)

Joe Neuvy raconte ce que tant d'autres ont raconté aux lendemains de la tempête. La maison inondée, la terrasse emportée. Comme des centaines de sinistrés de Xynthia, elle a tout perdu. Ses affaires personnelles, ses bouquins, les photos de ses petits-enfants, son ordinateur.

Depuis un mois, Joe Neuvy se bat seule contre tous. Il y a sept ans, cette éthologue qui a vécu toute sa vie auprès des Inuits et des Kanaks s'est installée dans une petite maison perdue, au beau milieu des marais, à Saint-Just-Luzac. Le village n'a pas été durement touché par Xynthia. Aucune caméra n'est venue filmer. Personne ne se doute qu'ici aussi une digue a cédé et que l'eau a envahi le marais.

La mer est à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau. D'autres maisons aux alentours ont pris l'eau. Mais chacun, dans son coin, a reconstruit son bout de digue.

Sans moyen

Un mois après le passage de Xynthia, Joe Neuvy n'a toujours pas lessivé sa maison. Tant pis pour le canapé qui est en train de moisir, pour les murs gorgés d'eau. À la faveur de grandes marées, la mer est déjà revenue à trois reprises.

À l'extérieur, l'eau qui détrempe la terre défie l'occupante. « Je subis le flux et le reflux de la mer. C'est totalement démoralisant », explique-t-elle. Son problème désormais : reboucher la digue qui se trouve à quelques centaines de mètres de là. Elle a appris par hasard que l'ouvrage lui appartenait. Mais elle n'a ni l'argent, ni les moyens de le faire. Le coût du chantier est estimé à 10 000 euros. « C'est pour moi un travail titanesque. Quand j'ai acheté, je ne me suis certainement pas rendu compte de ce que cela représentait. Aujourd'hui, je frappe à toutes les portes mais tout le monde se renvoie la balle. Un jour, on me dit qu'on va réparer la digue et aujourd'hui, tout le monde fait preuve d'une très mauvaise volonté », confie-t-elle.

Une digue certes privée, mais qui protège également de nombreux ostréiculteurs et agriculteurs installés dans le marais. Désormais, Joe Neuvy ne se sent plus le courage de tout rebâtir.

Son paradis

Mais elle entend bien conserver son cabanon que certains convoitent déjà. « On m'a fait la proposition de le racheter pour une bouchée de pain. Mais je veux le garder pour y réunir ma famille et pour les vacances », confirme-t-elle.

Il y a sept ans, Joe Neuvy, venue de nulle part et de tous les continents, avait eu le coup de foudre pour ce coin de marais. Une nature sauvage et en retrait du monde. De cette pièce unique, avec pour seul luxe une belle cheminée en pierre, elle avait fait son petit paradis. Une maison dépouillée mais chaleureuse.

Joe Neuvy y vivait avec pour seuls compagnons des chevaux, des cygnes et des ibis sacrés. Jusqu'au mois de mai, elle loue un gîte chez des amis. Après ? Elle ne sait pas.

Auteur : Agnès Lanoëlle
a.lanoelle@sudouest.com
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