Nos rivières ne subissent pas que la sécheresse...

Publié le par Vert Estuaire Charentais

22 aout 2009 / ( Réactions à la lettre ci dessous du 18 aout )  articles sur l'Hebdo ce jour
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Gestion de l'eau
Tollé général contre l'irrigation agricole

Les autres titres:
  • Les Verts/Europe Ecologie menace de porter plainte contre X
  • La Confédération paysanne dit non à la mauvaise foi des irrigants et des pouvoirs publics
  • Un irrigant explique la nécessité des réserves de substitution
Analyses de notre chroniqueur Gabriel Delicourt:
Le numéro de l'HEBDO de cette semaine (paru jeudi 20 août et bien distribué) est particulièrement riche et bonifiant , précipitez-vous pour vous le procurer ( ou bien  www.lhebdo17.com
quelques extraits de l'architecture, ci-dessous :
 
A.  Sur la 1ère page de couverture, une photo couleurs d'un canon à eau arrosant des maïs avec, en titre, en gros caractères : "Tollé général contre l'irrigation agricole",  en-sous titre : "Alors que la canicule s'installe sur le pays et que la ressource est au plus bas, les arroseurs continuent de tourner sur le maïs. Les Verts/Europe Ecologie menacent de porter plainte contre X au titre qu'il est désormais avéré que ces prélèvements mettent en péril l'approvisionnement des populations".
 
B.  Sur la totalité des page 2 et 3, le dossier de la semaine : "Gestion de l'eau", 4 articles :
a) A la place de l'éditorial, on trouve carrément le Communiqué de la Confédération Paysanne, dans son intégralité et bien vitriolé contre les notables agricoles et les agri-managers, titré : "Non à la mauvaise foi !"
b) Un article de fond sous  le titre : "Assèchement des rivières : A qui la faute ?", reprenant entre autre la manif'du 8 août à l'écluse de Bernouët-sur-Boutonne, avec 3 photos de la Nie et de l'Antenne à sec, et celle du 8 août ou nous sommes tous sur les cailloux du lit avec la banderole : "Sauvons nos rivières !"
c) Sous le titre : "Les agriculteurs responsables", un autre article, bien rédigé, donnant la parole à Jacques Brie, animateur Eau de Poitou-Charentes Nature, qui en remet une belle couche : "Les problèmes d'assèchement des rivières sont directement liés à l'irrigation"..
d)  le 4ème, sur 2 colonnes et toute la hauteur : "Le point de vue de l'irrigant" et  de l'ASA Boutonne, dans lequel 2 irrigants s'essaient à contrer avec, en titre et sous-titres : "Créer de la ressource en eau" ... "L'irrigation : gage de qualité" ... "Nous proposons des solutions" ... avec les mêmes  arguments connus, sauf que l'on apprend en fin d'article qu'une retenue d'eau "inéluctable" prévoit de stocker 10 millions de M3 en 2011, sur le Bassin de la Boutonne, qu'une demande est en cours à la CLE pour les 10 millions de M3 au lieu des 3 millions déjà accordé "pour le moment" (décision en septembre prochain !!!).
Ces pirates de l'eau, osent affirmer qu'il savent jouer gros et entendent bien se battre pour éviter un cataclysme à l'échelle locale !!!... (c'est complètement dingue !).
 
C.  En page 4 ... un autre article sur 2 colonnes, reprenant notre "Lettre ouverte aux Préfets" en la synthétisant, sous le titre : "Menace de plainte contre X"" ... et en sous-titre : "Les Verts/Europe Ecologie ont interpellé le préfet de région et les préfets de quatre départements du Poitou-Charentes sur la situation, selon eux, inacceptable de la gestion de l'eau." ... qui, à la fin,  reprend bien notre interrogation :  Depuis 25 ans, associations et militants écologistes ont tiré la sonnette d'alarme. Combien de temps devrons-nous encore subir le le diktat des irrigants et l'autisme de l'Etat dans ce domaine ?
 
D.   En page 11 ... (Varaize), sous le titre : Au secours, la Nie est à sec" ... 3 colonnes intéressantes donnant la parole au SAGE, qui propose des solutions, entre autres : "Restaurer et entretenir les cours d'eau ... réduire les prélèvement agricoles de 80 % ... en compensation, promouvoir des mesures de désirrigation et de désinvestissements pour les agriculteurs ... construire des retenues de substitution pour prélever l'eau  en hiver (au frais de qui ?) ... établir un programme de plantations de haies (après qu'ils aient tout rasé ?) ... reconquérir les zones humides et restaurer leurs fonctionnalités pour retenir l'eau (après qu'ils aient tout asséché ?) ...organiser la sensibilisation de tous les publics contre le gaspillage de l'eau (alors qu'ils balancent des millions de M3 en pleine cagna pour leur maïs ?) ... objectif à atteindre dans "les meilleurs délais" et au pire en ... 2021 !
C'est d'autant plus scandaleux et bête à hurler, quand on sait que le SAGE Boutonne est composé aux 3/4 par les irrigants et, qu'à coup presque sûr, ces mesures seront votées (circulez, il n'y a rien à voir !).
 
E.  Par rapport au topo ci-dessus, qui se rajoute à tout le reste, "imbuvable", ainsi qu'à la note ci-dessous, ne croyez-vous pas que face à un tel cynisme et qu'en cette période "faste-néfaste" (suivant la lecture du niveau de la bouteille), il faille absolument continuer d'informer et de mobiliser  "l'opinion publique" sur les nouveaux crimes environnementaux et budgétaires qui se préparent ? ... continuer de mettre le plus possible "la pression" sur les Préfets en interpellant également Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno ... ? ... en les mettant en demeure de diligenter d'urgence une enquête pour contrôler les ... contrôleurs !

Solidaire et à bientôt.
Gabriel

Varaize : La Nie est à sec
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La Nie était à sec à Varaize au mois de juillet. (photo Hebdo)

 


19 aout 2009 / ( Réactions à la lettre ci dessous du 18 aout )  article de Sud-Ouest ce jour

 

http://www.sudouest.com/charente-maritime/actualite/article/681674/mil/5001954.html


ENVIRONNEMENT. Le parti écologiste interpelle les préfets de Poitou-Charentes et menace de porter plainte contre X

Gestion de l'eau : le ton monte d'un cran
 
L'Antenne ne coule plus à Cherves-Richemont. (photo pierre bareteau)
L'Antenne ne coule plus à Cherves-Richemont. (photo pierre bareteau)

Alors que la sécheresse s'accentue et que la situation des principaux cours d'eau du département s'aggrave de jour en jour, les Verts Poitou-Charentes se mêlent au débat relancé début août par les associations de protection de la nature (SOS Rivières, Nature Environnement 17, Fédération départementale de pêche) devant l'étiage exceptionnellement bas de la Boutonne.

Dans une lettre ouverte aux représentants de l'État, Jean-Philippe Brothier, secrétaire départemental des Verts, Jean-Paul Russier, porte-parole, et Yannick Jadot, député européen, proposent un plan de réduction de 10 % par an sur trois ans des volumes d'eau alloués à l'irrigation « dans le but très clair de faire diminuer les surfaces exploitées en monocultures intensives de maïs dans les années à venir ».

Disparition des exploitations

Les représentants du parti écologiste accusent ouvertement l'État de se comporter « chaque année en pompier pyromane, prenant au milieu de l'été des mesures d'urgence pour atténuer une situation de crise qu'il a lui-même contribué à créer par son laxisme ». Et de rappeler, dans leur courrier, que les conditions météorologiques d'avant-saison d'avant rien d'exceptionnel.

Jean-Yves Moizant, président de l'ASA de la Boutonne, s'interroge lui aussi : « Nous nous trouvons dans une année moyenne, météorologiquement parlant. Pourtant, bien que les prélèvements aient considérablement diminué, le premier seuil sur la Boutonne a été franchi dès le mois de juin, pour la quatrième fois en trente ans. Pourquoi n'y aurait-il donc aucun effet de la diminution des prélèvements ? L'arrêt d'irrigation, qui frappe une nouvelle fois le bassin va coûter cher, pour les irrigants mais pas seulement. Et la disparition des exploitations familiales va s'accélérer encore. »

Insistant sur la mise en péril de l'approvisionnement d'eau potable, les Verts affirment envisager « porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui ».

Auteur : Thomas Brosset

19 aout 2009 / ( Réactions à la lettre ci dessous du 18 aout )  Centre Presse, Le quotidien de la Vienne, publie en ligne son article également sur les interrogations des Verts quant à la gestion de l'eau
cliquez sur le lien:

http://www.centre-presse.fr/article-84577-les-verts-de-la-vienne-critiquent-la-gestion-de-l-eau.html


19/08/2009 10:04 
Les Verts de la Vienne critiquent la gestion de l'eau
ENVIRONNEMENT Hier, les Verts et Europe Écologie ont remis à la préfecture de Poitiers une lettre ouverte critiquant la gestion de l'eau. Les irrigants sont accusés de mettre les rivières à sec.
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Dans le lit à sec du Clain à Poitiers, Marie Legrand (à gauche) signant la lettre ouverte déposée à la préfecture de Poitiers par Eric Joyaux (second à droite).
DELANNOY Stephane
«Y'en a marre de faire le même cirque depuis 20 ans. » Marie Legrand, conseillère régionale, secrétaire départementale des Verts de la Vienne, a pourtant traversé le Clain presque à pied sec hier midi à Poitiers, à l'issue d'un entretien avec la presse pour dénoncer la situation de crise existant dans la Vienne en matière de ressources en eau. La Fédération des pêcheurs et Vienne Nature étaient également représentée : ils font partie d'un collectif qui a tiré la sonnette d'alarme fin juillet. Depuis, le débit du Clain a passé sous son seuil de crise (1,7 m3 sec.) le mercredi 5 août.

L'élue régionale en a profité pour signer sur une table de camping mise en place dans le lit du Clain, la lettre ouverte adressée au préfet de région Bernard Tomasini critiquant sa gestion de l'eau en Poitou-Charentes. « Une lettre similaire doit être remise aux préfets des trois autres départements aujourd'hui », a précisé la conseillère régionale.


Critiques
Après 2003 et 2005, « années de crises majeures pour la gestion de l'eau dans notre région... nous voici de nouveau, moins de cinq ans après, face à une crise importante alors qu'on aurait pu espérer que tous en tireraient les enseignements et que réflexion et travail en amont permettraient d'éviter de se trouver une fois encore face à une situation de crise et à des réponses à court terme », déplorent les militants.

Pour eux, « la Région Poitou-Charentes est devenue structurellement déficitaire en eau estivale du fait du développement de la maïsiculture irriguée intensivement ».


Recours judiciaires
Dans ses derniers paragraphes, la lettre ouverte indique la possibilité « d'une plainte contre X pour mise en danger d'autrui au motif que les prélèvements excessifs en eau peuvent faire courir un danger à certaines catégories fragiles de la population ». Une action civile est également évoquée « à l'encontre des organisations professionnelles d'irrigants en réparation du dommage causé à l'environnement, en application des principes de la Charte de l'environnement ».

Michel Caillon, présent lors du pique-nique sur le Clain, a indiqué que Vienne Nature se prépare à saisir le tribunal administratif de Poitiers pour interdire le projet de réserves de substitution en eau prévues aux Roches-Prémarie.
DELANNOY Stephane

19 aout 2009 / ( Réactions à la lettre ci dessous du 18 aout )  La Nouvelle Republique sur son site en ligne publie un article :"cours d'eau à sec: les écolos misent sur l'anticipation"
cliquez sur le lien:

http://www.lanouvellerepublique.fr/dossiers/journal/index.php?dep=86&num=1344623#



18 aout 2009 / ( Réactions à la lettre ci dessous du 18 aout ) pour revoir le reportage Fr3 ( vienne )
cliquez sur le lien:

http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=c86a_1920&video_number=0

Vu de la Vienne : Marie Legrand et Eric Joyaux apparaissent dans le sujet d'FR3 et Amaury Breuille est sur le plateau du 19/20 à Poitiers.  La "rue" est également invitée à donner son avis sur le désastreux spectacle de la rivière quasi à sec.

18 aout 2009 / Lettre des Verts et Europe-Ecologie au Prefet de Region Poitou-Charentes et aux 4 préfets des 4 départements de la Région

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Monsieur le Préfet de Région

Madame et Messieurs les Préfets

 

 

Le 18 août 2009

 

 

Objet : Gestion de l’eau en Poitou-Charentes

 

 

Madame, Messieurs,

 

Après 2003 et 2005, années de crises majeures pour la gestion de l’eau dans notre région, qui sont restées dans nos mémoires, nous voici de nouveau, moins de cinq ans après face à une crise importante alors qu’on aurait pu espérer que tous en tireraient les enseignements et que réflexion et travail en amont permettraient d’éviter de se trouver - une fois encore – face à une situation de crise et à des réponses de court terme.

 

 

Un constat de pénurie, malgré un contexte météorologique normal

 

Aujourd’hui, la situation de pénurie d’eau, alors que le contexte météorologique n’a rien d’exceptionnel[1], montre bien que la cause des difficultés récurrentes relatives à l’eau dans notre région ne tient pas aux aléas de la météorologie, mais découle bien d’un lien direct entre irrigation intensive et épuisement de la ressource en eau.

 

Nous sommes confrontés à un déséquilibre important et récurrent entre la ressource en eau disponible et les prélèvements effectués sur cette ressource. La Région Poitou-Charentes est devenue structurellement déficitaire en eau estivale du fait du développement de la maïsiculture irriguée intensive.

 

Cette situation ne permet pas de maintenir un état écologique acceptable des milieux aquatiques et peut, rapidement, dès lors que nous rencontrerions sur la fin de cette année ou sur une année à venir un contexte météorologique défavorable sans même être exceptionnel, amener des difficultés pour l’approvisionnement en eau potable des ménages.

 

Face à cela, la gestion actuelle de l’eau démontre qu’elle est dans l’impasse, se bornant à venir apporter des réponses d’urgence à une situation structurelle d’inadéquation entre ressource et prélèvements que l’Etat a lui-même cautionné, en définissant un cadre réglementaire trop laxiste (comme le montrent des jugements de tribunaux administratifs qui ont annulé des arrêtés[2]), voire même a encouragé, en choisissant d’instaurer dans les quatre départements des surprimes à l’irrigation.

 

 

Quelles activités économiques protège-t-on ?

 

Pourtant, les productions agricoles irriguées ne représentent que 6,4% des surfaces agricoles utiles et  ce n’est qu’une petite partie, correspondant aux exploitations en maïs irrigué intensif en monoculture, qui représente l’intégralité du problème.

Enfin, si au lieu d’approcher le problème sous l’angle de la Surface Agricole Utile (SAU), on l’aborde sous l’angle de l’emploi agricole, il va de soi que ces grandes monocultures de maïs irrigué intensif ne représentent qu’une toute petite minorité de la profession agricole mais génèrent l’ensemble des dommages causés qui sont lourds : une destruction récurrente de l’environnement, une fragilisation du reste de la profession agricole et surtout une menace pour l’approvisionnement en eau potable des particuliers.

 

Une telle situation n’est manifestement pas conforme à l’intérêt général.

 

De plus on peut, plus encore que par le passé, s’interroger sur l’utilité publique de ces productions intensives et excessives de maïs lorsque l’on constate qu’au niveau national une part non négligeable de la production de maïs ne sert plus à fournir la filière agricole pour l’alimentation animale et humaine, mais à produire des agrocarburants de première génération dont le bilan écologique est mauvais[3] et qui, aujourd’hui, peuvent être remplacés par des agrocarburants de deuxième génération. Les programmes initiés dans ce domaine permettent une valorisation de sous-produits de l’agriculture en évitant ces dommages considérables liés à la surconsommation d’eau.

 

Nous ne pouvons plus accepter le discours trop longtemps tenu par certains représentants de l’Etat – dont vous-même, parfois, Monsieur le Préfet de Région - qui oppose dans des raccourcis contestables des intérêts économiques et humains forts de la maïsiculture à des considérations qui seraient secondaires d’environnement et de loisirs. A ce titre, et si l’on souhaite se placer sur un terrain économique, on peut rappeler au rang des conséquences que génère l’accaparement de la ressource en eau par l’irrigation intensive :

  • Les préjudices lourds causés aux activités ostréicoles et mytilicoles aux estuaires
  • Le préjudice causé aux activités de tourisme (notamment dans le marais poitevin, mais pas seulement)
  • Le préjudice causé aux activités de pêche, qui si elle est un loisir n’en a pas moins un poids économique
  • Le préjudice écologique, qui peut faire l’objet d’une valorisation économique depuis la mise en œuvre de la Charte de l’environnement
  • Les préjudices subis par les collectivités locales lorsque celles-ci doivent concevoir, maintenir en alerte ou mettre en œuvre des plans de secours.
  • Les impacts pour la santé humaine lorsque la diminution quantitative de la ressource en eau se répercute sur la qualité des eaux.

Cette liste, non exhaustive, nous fait douter que le bilan économique de l’actuelle gestion de l’eau soit positif…

 

 

Une fuite en avant avec des conséquences écologiques lourdes

 

En revanche, s’agissant des enjeux écologiques, qu’ils soient environnementaux ou sociaux, il n’y a aucun doute sur le caractère catastrophique de la situation.

 

Est-il besoin de revenir et de détailler la destruction des milieux aquatiques ? De

La Boutonne, du Clain, du Mignon, de la Courance, de la Sèvre … etc. ?

En témoignent, si nécessaire, les constats que les militants politiques et associatifs  de Charente ont effectué sur place sur l’Antenne le 7 août, ceux de la Charente-Maritime le 8 août aux écluses de Bernouët sur la Boutonne ou encore ceux de la Vienne, ce jour, au Pont Joubert sur le Clain : d’un bout à l’autre de notre région les rivières sont à l’agonie.

 

Mais les conséquences sur l’environnement dépassent les seuls assecs visibles de nos rivières.

Ainsi la surconsommation d’eau aboutit également à une moindre dilution des diverses pollutions et à une eutrophisation, d’où des impacts sévères sur la qualité des eaux lorsqu’il en reste. Alors que l’amélioration de la qualité des eaux fait l’objet – et c’est heureux – de programmes de préservation financés par les fonds publics dans l’objectif du bon état écologique des cours d’eau et des milieux aquatiques prévu par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE 2015), comment accepter que la politique quantitative de l’eau aboutisse aux effets inverses ? N’y aurait-il pas là une inacceptable gabegie ?

Ce contexte est également dangereux pour la protection des captages et des nappes profondes qui devraient faire l’objet d’interdiction de prélèvement tant elles doivent être préservées pour l’usage stratégique qu’est l’eau potable.

 

Enfin – et ce n’est pas la moindre des choses – la perpétuation d’une consommation d’eau largement excédentaire par rapport à la ressource disponible aboutira un jour ou l’autre, lorsque les aléas météorologiques prévisibles s’y prêteront, à une situation de crise grave sur l’alimentation en eau potable.

Le système qui perdure est celui où, parmi les différents usages de l’eau, le premier arrivé est le premier servi. Son fonctionnement fait que la répartition entre les différents usages sociaux de l’eau ne se fait pas selon des priorités… sauf en bout de course lorsqu’il est trop tard.

Chaque année, les agriculteurs irrigants consomment sans modération la ressource jusqu’à l’amener aux seuils critiques.

Pour caractériser la démesure de cette situation permettez-nous de rappeler que, dans la situation actuelle, le total des besoins en eau en période d’étiage sur le bassin versant Sèvre Niortaise Marais Poitevin représente 55 millions de m3 (dont 68% pour la seule irrigation !) alors que la ressource disponible n’est que de 23 millions de m3. Comment imaginer dans ces conditions que nous échappions à notre feuilleton annuel de crise estivale ? Et jusqu’à quel épisode dramatique de ce feuilleton comptez-vous aller ?

 

Quant aux bassines, qu’un certain nombre d’irrigants aimeraient voir construire à leur profit, elles ne peuvent s’inscrire dans l’intérêt général. Primo parce qu’il s’agirait tout à la fois d’une poursuite irraisonnée de la fuite en avant engagée il y a 25 et qui nous a amenés aux difficultés d’aujourd’hui et que leurs effets sur la ressource est pour le moins hasardeux. Secundo parce qu’il s’agirait d’investissements extrêmement lourds dont la charge pèserait encore une fois – via les agences de l’eau notamment - sur les factures d’eau des ménages les plus modestes. Il y aurait là un inacceptable renversement des rôles qui récompense les coupables et punit les victimes, bien loin du principe « pollueur / payeur ».

 

Ce bilan « coûts/avantages » de la gestion de l’eau nous amène à vous demander de prendre les mesures qui s’imposent.

 

 

Les propositions des Verts / Europe Ecologie

 

Au-delà des mesures d’urgence qui doivent être renforcées dans la situation de crise que nous connaissons, il convient de s’attaquer enfin aux causes du problème pour sortir de cette redoutable fuite en avant.

 

Aussi la proposition que nous vous faisons est la mise en œuvre immédiate d’un plan d’action visant à réduire au minimum de 10% par an sur 3 ans les prélèvements d’eau réalisés dans le cadre des programmes de gestion quantitative[4]. Il faut mettre en adéquation les prélèvements agricoles avec la disponibilité de la ressource.

Cela nous remettra en ligne avec les exigences fondamentales de la loi sur l’eau qui énonce que «L'eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d'intérêt général »  (Titre Ier : Eau et milieux aquatiques. Article L210-1).

 

C’est le seul moyen de faire évoluer les pratiques culturales afin de faire reculer la proportion de la SAU ensemencée en maïs irrigué intensif au bénéfice d’autres cultures moins dévoreuses de ressources. Autrement dit, de s’attaquer au problème « à la source » et non en ne traitant que les symptômes de la maladie.

 

Par ailleurs, nous vous demandons que cette solution soit mise en œuvre avec les modalités suivantes :

 

Nous demandons que la répartition des volumes prélevables soit établie non pas en fonction des références historiques et des surfaces exploitées les années antérieures, ce qui crée un monopole et une rente de situation au bénéfice d’un très petit nombre de soi-disant agromanagers dont les exploitations sont très faiblement créatrices d’emploi (contrairement au secteurs du maraîchage, de l’élevage, etc,… ou même à d’autres grandes cultures) mais en fonction de la « richesse en emploi direct» des exploitations.

 

A l’heure où la crise économique touche durement l’emploi, dans notre région comme ailleurs, nous sommes certains que l’Etat ne peut qu’accueillir favorablement la prise en compte d’un tel critère. Le rôle de l’Etat n’est pas et ne peut pas être de maintenir une rente de situation au profit d’un petit nombre d’agromanagers au verbe haut, au détriment, à la fois, de l’agriculture paysanne et des besoins vitaux de la population.

 

 

 

Par cette proposition de plan sur 3 ans, nous vous invitons à engager enfin une politique responsable permettant d’assurer que ces situations de crise ne se reproduisent pas, par une politique de prévention, bien plus efficace que les mesures de court terme et d’urgence répétées chaque année.

 

Monsieur le Préfet de Région, Madame et Messieurs les Préfets, vous le savez comme nous, si lors d’une des années à venir nous étions confrontés à une sécheresse importante – sans même parler d’un épisode exceptionnel comme en 1976 ! – nous en serions réduits dans un certain nombre de bassins à approvisionner la population en eau potable avec des citernes et des bouteilles  et ce quelles que soient les mesures de restriction d’urgence que vous pourriez prendre, lesquelles ne pourraient que retarder la survenue d’une telle situation sans pouvoir l’empêcher ! Une telle situation n’est plus une éventualité elle n’est qu’une question d’années.

 

Il n’est pas admissible d’avoir connaissance d’un tel risque et de ne pas engager les politiques nécessaires pour y apporter remède en s’attaquant aux causes. Résorber le décalage entre la ressource disponible et les prélèvements, décalage qui résulte directement de la surconsommation agricole liée à l’exploitation du maïs irrigué intensif est la voie de la sagesse.

 

A l’heure où le Gouvernement met en avant le Grenelle de l’environnement, les citoyens n’acceptent plus qu’aux affichages nationaux médiatiques répondent sur le terrain le « laisser faire » et le refus de s’atteler à régler les problèmes en s’attaquant aux causes.

 

Depuis longtemps les associations[5], les Verts, des élus locaux ont pris leurs responsabilités et ont tiré la sonnette d’alarme. Si cela à permis une prise de conscience dans l’opinion publique, nous déplorons qu’à l’inverse, cela n’ait jamais amené d’inflexion significative de la politique de l’Etat : les Préfets passent et les problèmes demeurent…

 

Cette inertie et cette inefficacité de l’Etat suscitent aujourd’hui une légitime colère.

 

En ce qui nous concerne, alors qu’est annoncée une adaptation des aides agricoles européennes pour 2010 et une reforme complète pour 2013, soyez assurés que nos Députés européens proposeront des réformes visant à enfin apporter des réponses en ce sens sur ces sujets.

 

Nous serons donc particulièrement attentifs à ce que l’Etat assure dans notre Région les responsabilités qui sont les siennes s’agissant de l’exercice plein et entier de la police de l’eau, notamment par des réglementations préventives et non seulement curatives, assurant par ordre de priorité :

  • la sécurisation de l’approvisionnement en eau des populations
  • la préservation des milieux aquatiques
  • le maintien des activités économiques ostréicoles, mytilicoles, de pêche et de tourisme, et des filières agricoles les plus fragiles, élevage et maraîchage notamment.

 

Dans cette perspective, nous espérons que vous ferez le meilleur accueil à notre proposition de plan sur trois ans et vous proposons de nous recevoir pour pouvoir évoquer ce sujet de vive voix.

 

Par ailleurs, nous profitons du présent courrier pour porter à votre connaissance que les Verts / Europe Ecologie, déterminés à établir toutes les responsabilités dans l’actuel « massacre » écologique envisagent d’engager plusieurs actions judiciaires :

  • d’une part une plainte contre X pour mise en danger d’autrui au motif que les prélèvements excessifs en eau, manifestement susceptibles de couper l’alimentation en eau potable de la population sur certains bassins peuvent faire courir un danger à certaines catégories fragiles de la population.
  • d’autre part, s’il s’avérait que les représentants des irrigants refusent toute réduction des consommations d’eau liées à leurs activités, nous serions à terme contraints d’engager une action civile à l’encontre des organisations professionnelles d’irrigants en réparation du dommage causé à l’environnement, ceci en application des principes de la Charte de l’environnement.

 

 

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet de Région, Madame et Messieurs les Préfets l’expression de notre haute considération.

 

 

Pour Les Verts Poitou-Charentes / Europe Ecologie,

 

 

 

Brigitte DESVEAUX                Amaury BREUILLE                    Yannick JADOT

 

 

 

 

 

Co-Secrétaire régionale               Co-Secrétaire régional                    Député Européen

des Verts Poitou-Charentes         des Verts Poitou-Charentes            Groupe Verts/ALE



[1] En particulier, le rechargement des nappes pendant cet hiver a été tout à fait satisfaisant. Par la suite, si la fin du printemps et l’été n’ont pas été pluvieux comme en 2007 et 2008, ils n’ont pas été exceptionnellement secs.

[2] Pour les Deux-Sèvres, qui n’est pourtant pas le plus mauvais élève des 4 départements, on peut rappeler les jugements du TA de Poitiers du 15 mai 2002, du 12 mai 2005, du 27 mars 2008 faisant droit aux requêtes en annulations présentées par l’APIEEE.

[3] Pour mémoire, l’usine de Lacq par exemple est dimensionnée pour transformer 500 000 tonnes de maïs en « bioéthanol ».

 

[4] Il va de soi que cette évolution moyenne devra être déclinée en fonction des secteurs, en faisant porter un effort plus important sur les bassins les plus fragiles.

[5] On peut citer par exemple : Coordination du Marais Poitevin, structures locales et régionales affiliées à FNE, collectif Carg’eau, Antenne Nature Loisir Patrimoine,  Confédération Paysanne, Associations de pécheurs, de conchyliculteurs,… la liste est longue.



9 aout 2009 / pour revoir le reportage Fr3 ( boutonne )
cliquez sur le lien:

http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=c86a_1920

environ 6 minutes de reportage, commençant à environ 02:45 minutes du debut du journal

8 aout 2009 / le rassemblement sur place

" Ce fut une magnifique réussite.

Nous étions 120 à 150 sur le lit de la Boutonne, sous l'écluse de Bernouët ... les canoë-kayaks sur les cailloux, avec des pêcheurs à la lignes, itou.  Merci à toutes et tous qui avez fait le déplacement ... de la La Rochelle, de Rochefort, de Saintes et plus ... de la Charente (en force), des Deux-Sèvres et de la Vienne. Merci aussi aux militants associatifs et anonymes venus d'un peu partout, dont je n'ai présentement pas noté les noms ... aux touristes et aux habitants qui se sont joints à nous.
.../...


Amitiécolos
Bonne résistance, bonne lutte,
Pour le Collectif associatif ... (SOS Rivières, Nature Environnement 17, AIE 17)
Pour les Verts et Europe écologie.
Gabriel DELICOURT  "


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5 aout 2009 / Invitation à un Pique-Nique sur la Boutonne par

SOS Rivières et Environnement - 05 46 26 38 65

Nature Environnement 17 - 05 46 41 39 04
AIE 17- 05 46 51 06 65

Inquiétude sur l ’alimentation en eau potable

Suite à la réunion de la cellule de vigilance "eau "qui a eu lieu ce mercredi 22 juillet à la préfecture de Charente Maritime et à l'observation de l'état des lieux fait par les services de l'état,les associations de protection de l'environnement lancent un cri d'alarme.

Cet été 2009 l'état des rivieres et des nappes est catastrophique mais ce qui est nouveau par rapport aux années précédentes c'est que l'alimentation en eau potable commence à poser des problemes et en posera de plus en plus dans les années à venir.

Etat des rivieres

Aux vues des données de l'ONEMA (Office National de l ’Eau et des Milieux Aquatiques),la situation est alarmante en particulier pour le Curé qui est en voie d'assechement,pour les eaux souterraines,au piézometre de Forges pour le bassin du curé,le niveau de la nappe est à 30 cm du seuil de coupure avec une courbe qui est au dessous de la moyenne des 30 derni res années.

La Boutonne est encore plus touchée, la plupart de ses affluents sont en a sec,et à Saint Jean d'Angely et en amont c'est la Boutonne et ses bras qui s'assechent rapidement, quant à l'Antenne elle est presque à sec comme ses affluents que l'on nous annonce en "écoulement non visible"

Cette année l'alimentation en eau potable,qui est une priorité,est très préoccupante selon le Syndicat Des Eaux,les niveaux des nappes baissent de façon vertigineuse pour certains bassins,ce qui peut entraîner une baisse de la qualité de l'eau (et en particulier des nappes captives qui sont de plus en plus utilisées en remplacement des nappes phréatiques fortement polluées).Les déficits s'accumulent au fil des ans,il faudrait plusieurs années de remontée au dessus de la moyenne pour garantir un approvisionnement de bonne qualité.

Le manque d ’apport d ’eau douce ajoutée à la concentration des nitrates provoquent une explosion planctonique propice au développement des méduses.

Le "coup de gueule"des associations de protection de la nature et de l'environnement: Les mesures de restriction de l'irrigation agricole de l'arrêté préfectoral sont sans effet car ses restrictions concernent les quotas attribués en début d'année et non les volumes réellement prélevés qui sont très inférieurs à ces quotas.

Les volumes autorisés sont tellement élevés que les restrictions de ces arrêtés diminuant les prél vements de 16 et 30 %laissent un volume supérieur à la moyenne des consommations réelles durant les années 2006 à 2008.Où sont les diminutions dont on nous parle tous les ans ? Comment les rivieres peuvent-elles couler? par exemple sur la Boutonne dans les années 70 on pompait quelques milliers de m3,aujourd'hui ce sont 12 millions de m3 en moyenne (auto-déclarés par les irrigants)

Les seuils de restriction sont bien trop bas,quand enfin,il est décidé d'arrêter l'irrigation il y a déjà partout des assecs avec des conséquences graves pour les milieux aquatiques.

Le jour de la réunion en préfecture, le débit de la Boutonne est de 426 l/s,on nous annonce des assecs sur presque tous les affluents mais le seuil de coupure a été fixé à 420 l/s donc pas d'arrêté d'interdiction de l'irrigation...les milieux aquatiques attendront une semaine de plus...

Le bassin du Mignon et de la Courance sont proches du seuil de coupure.

Sur le bassin d'alimentation en amont du marais poitevin,la baisse rapide des niveaux des nappes, consécutive à l'irrigation,a entraîné des assecs sur tous les cours d'eau.

Ces niveaux de nappes sont des indicateurs de gestion des limitations de l'irrigation prévus dans l'arrêté préfectoral pris chaque année au printemps,pour la gestion de l'eau dans le département.

Actuellement, ces indicateurs sont à la limite du niveau de coupure,qui déclenche l'arrêt total des prélevements pour l'irrigation. Le piézometre du Bourdet,par exemple,indique un niveau de -5,50m alors que le niveau de coupure est à -5,90m.

Sur certaines parties du Mignon,les niveaux sont jusqu'à 50 cm sous le niveau normal de gestion à cette saison.

Le marais n'est plus alimenté,par conséquent,les niveaux ne peuvent plus être respectés,la rupture de cet équilibre entraîne une baisse rapide du niveau d'eau sur le Mignon avec ponctuellement une rupture d'écoulement comme sur l'ouvrage de gestion de l'écluse de Chaban immédiatement en aval de Mauzé.

Les mesures prévues dans l'arrêté préfectoral ne permettent pas de maintenir les niveaux d'eau dans cette partie de la zone humide du marais Poitevin.

Dans sa partie en amont de Mauzé,le Mignon est à sec depuis déjà plusieurs semaines...

La Préfète des Deux-Sevres vient d'interdire les prélevements agricoles sur le bassin Mignon Courance pour éviter la poursuite de la dégradation des milieux naturels même si le seuil de coupure n'est pas atteint.

Une situation incohérente va donc exister sur ce territoire entre les irrigants des Deux-Sevres et ceux de la Charente-Maritime,situés de part et d'autre de la riviere. Le principe de gestion interdépartementale doit être appliqué et cette mesure d'interdiction mise en place sur la partie de ce bassin versant situé en Charente-Maritime.Le Préfet peut  réglementairement mettre cette mesure en place.L'eau que les irrigants des Deux-Sevres ne vont pas pomper va l'être par les irrigants du département voisin jusqu'à l'atteinte du

seuil de coupure et la dégradation des milieux naturels.

Où est la solidarité ?

Pourtant l'arrêté Cadre précise:

-considérant les objectifs .....de résorption des déficits quantitatifs...

-considérant que des dispositions de limitations des usages de l'eau sont susceptib es d'être rendus nécessaires pour la préservation ...des écosystèmes aquatiques ...On se moque vraiment de nous !

Il se passe au minimum une semaine entre le moment où l'on atteint le seuil d'alerte et où l'on limite les prélevements agricoles alors que l'on est sensé anticiper et que l'on ne devrait jamais franchir le Débit de Crise !(C'est la valeur de débit d'étiage au-dessous de laque e,i est considéré que l'alimentation en eau potable pour les besoins indispensables à la vie humaine et animale,ainsi que la survie des espèces présentes dans le mi ieu.A ce niveau,toutes les mesures possibles de restriction des consommations et des

rejets doivent avoir été mises en œuvre)

La gestion économique de l'irrigation est toujours mise en avant,mais le bilan économique réel n'a jamais été fait :

-les investissements des usines de retraitement des eaux:Saint Hypolite,Lucérat,le Bout du Chambon, Saujon,Coulonges etc...

-les nouveaux captages remplaçant ceux que l'on est obligé de fermer pour cause de pollution (plus d'une centaine depuis quelques années )

Et ce ne sont pas les réserves de substitution qui feront diminuer ces dépenses là !

L ’ostréiculture et le tourisme sont elles aussi des activités économiques importantes qui ont besoin de voir les rivieres couler et qu ’il faudrait prendre en considération.

Nous demandons que les mesures préventives soient prises au plus vite,la situation d'urgence justifie la mise en oeuvre des mesures prévues par l'arrêté cadre.

Il nous est reproché de faire des requêtes au tribunal administratif,mais quel autre moyen avons nous de faire respecter la loi destinée à protéger l'intérêt général ,quand on entend en préfecture,qu ’il est possible de discuter une baisse de ces seuils de coupure comme l ’ont demandé par courrier les irrigants,alors que la seule solution est au contraire de relever ces seuils pour préserver l ’alimentation en eau potable,les milieux aquatiques et la vie des rivieres.



Article de Sud-Ouest du Mercredi 05 Aout 2009
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ENVIRONNEMENT. La rivière a atteint un tel niveau d'étiage que la vie aquatique est menacée et que l'eau potable risque de manquer. Ses défenseurs se mobilisent

La Boutonne est réduite au goutte-à-goutte
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Les deux visages de la Boutonne aux écluses de Bernouët : il y a quelques mois et aujourd'hui. (photos jean-louis demarc)
Les deux visages de la Boutonne aux écluses de Bernouët : il y a quelques mois et aujourd'hui. (photos jean-louis demarc)
Les deux visages de la Boutonne aux écluses de Bernouët : il y a quelques mois et aujourd'hui. (photos jean-louis demarc)
Les deux visages de la Boutonne aux écluses de Bernouët : il y a quelques mois et aujourd'hui. (photos jean-louis demarc)

Un chiffre : 378 litres par seconde. C'est le débit de l'eau de la Boutonne au moulin de la Châtre, aux confins de la Charente-Maritime, dans les méandres de Saint-Séverin. Là, on mesure régulièrement et très officiellement les valeurs de cette rivière emblématique des problèmes d'eau du département. Avec des repères : 800 litres par seconde, c'est le débit objectif d'étiage ou niveau estival normal de la rivière, 400 litres par seconde, c'est le débit critique ou seuil au-dessous duquel toute vie aquatique devient problématique et où l'eau potable risque de manquer. On y est. On l'a même dépassé. Avec un bon mois d'avance par rapport aux années sèches.

« Nous sommes plus mal qu'en 2006 qui fut pourtant critique. C'est d'autant plus inquiétant que les nappes se sont correctement rechargées cet hiver. Et l'on sait aujourd'hui que le lit de la Boutonne est en lien étroit avec la nappe qui se trouve en dessous », explique Claude Matard, spécialiste des questions d'eau à l'association Nature Environnement 17.

Avec SOS Rivières et AIE17 (1), il secoue le cocotier de la sécheresse depuis des années. Le problème n'est pas nouveau. Mais la tension monte d'un cran d'année en année. Côté Deux-Sèvres, où la Boutonne coule avant d'entrer dans notre département, ce sont les pêcheurs qui sont montés les premiers au front ciblant ouvertement les irrigants et le laxisme des pouvoirs publics.

Arrêté du 29 juillet

En Charente-Maritime, on est plus nuancé dans les critiques, tenant compte de la bonne volonté des uns et des autres pour tenter de limiter la casse. « Les irrigants font des efforts. Ils ont réduit leur consommation estivale. Mais le problème, c'est qu'ils arrosent plus tôt dans la saison. Dès le printemps. Quant aux arrêtés préfectoraux de limitation et d'interdiction de prélèvement, ils ont bien été pris mais trop tard, quand la situation était irréversible », poursuit Claude Matard.

Le dernier en date, celui du 29 juillet, ferme les robinets en interdisant tout prélèvement sur les bassins de la Boutonne, du Mignon, du Curé et de la Sèvre Niortaise en aval de la Sotterie, mais n'impose que des diminutions de volumes de prélèvement sur l'Aume-Couture, la Seugne, la Seudre, l'Antenne (2).

« Fausse bonne solution »

Sur la carte de France de la sécheresse, la Charente-Maritime est, avec les Deux-Sèvres, la Vienne, l'Indre-et-Loire et la Vendée en alerte rouge. Comment sortir de l'impasse ? Avec le soutien des pouvoirs publics, les céréaliers proposent des réserves de substitution.

Des grandes bassines permettant de stocker l'eau qui tombe en hiver pour l'avoir en été au moment où les cultures en ont le plus besoin. Sur le bassin de la Boutonne, il y a 27 projets de réserves en Charente-Maritime, 11 en Deux-Sèvres pour stocker 9 millions de mètres cubes.

« Fausse bonne solution qui risque d'épuiser les cours d'eau dès l'hiver », répondent en choeur les associations de protection de la nature.

(1) - Actions Informations Écologie 17

(2) - Le détail des mesures de restrictions agricoles sur le site internet de la préfecture : www.charente-maritime.pref.gouv.fr

Pique-nique de protestation

C'est une nouvelle forme de revendication : le pique-nique. Les protecteurs de la nature l'ont adopté depuis des années. Pour s'opposer à la fermeture de la forêt de Chizé où un puma était supposé se balader il y a dix ans, pour défendre le label du Marais poitevin, etc.

Foin des poings levés ou des sit-in devant la préfecture : quand on aime la nature, on s'assoit en tailleur et on se nourrit d'une carotte bio et d'une tartine de pâté de campagne.

Samedi 8 août donc, à partir de midi, et pour alerter les pouvoirs publics sur la situation qu'ils jugent catastrophique de la Boutonne, les associations NE17, SOS Rivières et AIE17 organisent un pique-nique aux écluses de Bernouët, après le plan d'eau et le camping de Saint-Jean-d'Angély. Il semble qu'on peut même s'installer dans le lit principal de la Boutonne pour croquer dans son sandwich sans risque de se mouiller.

Auteur : thomas brosset
t.brosset@sudouest.com
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